Le gouvernement ukrainien, confronté à des insurrections armées prorusses coordonnées dans l'Est, a lancé dimanche 13 avril une opération « antiterroriste » de reconquête à hauts risques dans la ville de Slaviansk.
En ce dimanche crucial, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, s'est exprimé en employant le terme de « guerre ».
« Le sang a été versé dans la guerre que la Russie mène contre l'Ukraine. (...) L'agresseur ne s'arrête pas et continue d'organiser des troubles dans l'est du pays. (...) Nous ne laisserons pas la Russie répéter le scénario de la Crimée dans les régions de l'Est. »
M. Tourtchinov a également confirmé l'existence d'une opération militaire dans l'est du pays. Le ministre de l'intérieur, Arsène Avakov, a annoncé qu'un membre des services de sécurité avait été tué, un officier, et cinq autres blessés à Slaviansk, ville située entre Donetsk et Kharkiv. Il affirme que l'opération a fait « des morts et des blessés des deux côtés », évoquant un nombre non déterminé de victimes parmi « les séparatistes ».
Des hommes armés, masqués, portant des uniformes militaires sans signe d'identification et équipés d'armes automatiques avaient pris, samedi, un commissariat à Slaviansk, puis le siège des services de sécurité de la ville.
Des journalistes présents autour du quartier général des services de sécurité dimanche matin n'ont pas entendu de bruits de combat particuliers et ont pu constater que de nombreux civils prorusses s'étaient volontairement rassemblés pour défendre les lieux.
LA RUSSIE MET KIEV EN GARDE CONTRE TOUT RECOURS À LA FORCE
A Marioupol, située sur la mer d'Azov, à une trentaine de kilomètre de la frontière russe, des séparatistes se sont barricadés dans la mairie, rapportent des médias locaux dimanche.
A Kharkiv, grande ville de l'Est, qui a connu des émeutes prorusses, des incidents entre manifestants des deux camps ont fait une cinquantaine de blessés, et des prorusses ont bloqué les locaux du conseil régional.
Des groupes armés prorusses se sont également déployés samedi à Krasnyi Liman et à Kramatorsk, ville de 200 000 habitants proche d'une ancienne base aérienne soviétique dotée d'une piste d'atterrissage. Ils s'y sont emparés du quartier général de la police après une fusillade. Les occupants ont barricadé l'endroit et établi des barrages autour de la ville.
Les assaillants sont « équipés d'armes russes et des mêmes uniformes que ceux portés par les forces russes qui ont envahi la Crimée », a écrit sur Twitter l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt.
A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés prorusses ont proclamé à Donetsk, grande ville de l'Est, où ils ne contrôlent que deux bâtiments, une « république souveraine ». Ils réclament le rattachement à la Russie, ou une « fédéralisation » de l'Ukraine, une option agressivement défendue par Moscou. Kiev y voit la menace d'un éclatement du pays. Les militants proeuropéens et nationalistes de Kiev pressent depuis le gouvernement de réagir.
LA RUSSIE DÉMENT TOUTE IMPLICATION
La Russie dément toute responsabilité dans les troubles. Elle a mis en garde samedi l'Ukraine contre tout recours à la force contre les insurgés. Le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau affirmé que son pays, qui a massé des dizaines de milliers de troupes à la frontière, n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine, comme il l'a fait en mars pour la Crimée.
Des pourparlers entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne sont annoncés pour jeudi 17 avril à Genève. Moscou a affirmé que le « format » des discussions n'était pas encore arrêté et a insisté pour que les prorusses des régions de l'Est soient représentés et exposent leurs « intérêts légitimes ». Le vice-président américain, Joe Biden, est attendu à Kiev le 22 avril.
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